Dans Ni chaînes ni maîtres, tu joues un rôle secondaire. Peux-tu nous parler de ton personnage et de la manière dont il contribue à l’histoire du marronnage ?
Mon personnage est un commandeur malgache qui apparaît au début du film. Le commandeur est principalement un instrument d’oppression utilisé par les maîtres pour contrôler les esclaves.
Le marronnage est au cœur du projet Leritaz Maronaz. Comment cette thématique, profondément historique, t’a-t-elle inspiré à la fois dans ce projet et dans ton rôle dans le film ?
Le marronnage, pour moi, représente la volonté de s’affranchir, le besoin de liberté et un acte de défiance face à l’oppression.
Y a-t-il une scène ou un moment particulier sur le tournage de Ni chaînes ni maîtres qui t’a marqué et que tu aimerais partager avec nous ?
Les scènes de torture au début du film ont été particulièrement difficiles à tourner et à observer. Même si l’on sait que c’est du jeu, que ce sont des acteurs et que ce n’est pas réel, on ne peut s’empêcher de ressentir un profond malaise en se souvenant que ces formes de torture et de répression ont réellement existé et ont été subies par les esclaves d’autrefois.
Leritaz Maronaz explore le marronnage à travers un jeu de société. Comment arrives-tu à lier cet aspect ludique avec la profondeur historique de la résistance des marrons ?
Le jeu est une excellente manière de se plonger dans l’histoire. Je pense qu’il est toujours plus intéressant d’apprendre de façon ludique.
En tant qu’acteur, quels défis as-tu rencontrés en jouant dans un film aussi intense que Ni chaînes ni maîtres, surtout sur un sujet aussi chargé émotionnellement ?
Il m’a fallu me construire une histoire intérieure pour mon personnage afin de me dissocier de lui et de pouvoir compartimenter, voire même « justifier » son comportement. J’ai dû jouer avec une totale impassibilité face à des actes horribles qui se déroulaient devant mes yeux.
Dans Leritaz Maronaz, tu illustres des moments de rébellion et de résistance. As-tu utilisé ton expérience sur le plateau de Ni chaînes ni maîtres pour influencer certaines des illustrations ?
Non, pas vraiment, puisque mon personnage est de l’autre côté de la barrière. Il représente surtout l’instrumentalisation des Noirs contre d’autres Noirs.
Le film et le jeu traitent tous deux de la liberté et de la résistance. Comment t’es-tu connecté à ces concepts dans ta vie personnelle et professionnelle ?
À vrai dire, avant de travailler sur le jeu ou de tourner dans le film, je n’y pensais pas trop. Maintenant, je réalise que nous avons parcouru un long chemin. La résistance est importante, tout comme il est essentiel de savoir d’où l’on vient.
Peux-tu partager une anecdote sur la manière dont les acteurs et l’équipe du film ont abordé la complexité du marronnage pendant le tournage de Ni chaînes ni maîtres ?
Je pense que le plus dur a été pour les acteurs jouant les maîtres ou les chasseurs d’esclaves. Je me souviens d’une scène particulièrement violente où un jeune acteur français était clairement mal à l’aise par rapport à ce qu’il devait jouer. Il devait arracher les vêtements d’une femme enceinte, la jeter au sol et s’apprêter à la fouetter. Il a eu beaucoup de mal à la tourner et n’en est pas sorti indemne.
Quelles similarités vois-tu entre raconter une histoire à travers un jeu de société comme Leritaz Maronaz et jouer dans un film ? Comment ces deux médiums permettent-ils d’explorer des récits historiques comme celui du marronnage ?
Dans les deux cas, on utilise un médium ludique pour explorer un sujet lourd.
En quoi penses-tu que Leritaz Maronaz et Ni chaînes ni maîtres peuvent sensibiliser le grand public à l’importance de la mémoire du marronnage et des luttes pour la liberté ?
Les deux offrent un support visuel essentiel pour le travail de mémoire sur l’esclavage et le marronnage. Voir les images, connaître les personnages et pouvoir associer des lieux et des époques permet de se projeter dans l’histoire pour mieux la comprendre.