“Marronnage” est un terme qui désigne la rupture avec l’esclavage, venant du portugais cimarron qui est le retour à l’état sauvage d’un bétail domestique. Dans le contexte coloniale, le terme s’applique aux esclavés qui s’enfuient des plantations pour aller s’installer dans les forêts. Les marrons sont les individus mis en esclavage qui décident de fuir leur “maitre” et la plantation qu’ils habitent.
Le phénomène est catégorisé selon le temps de cavale.
Les petits marrons, parfois dits “renards” sont en fuite depuis moins de 3 mois. Ils sont toujours en transition, c’est-à-dire que n’étant pas exactement adaptés à la vie en pleine nature, ils risquent fort de revenir chez leur maître après avoir perdu espoir, rattrapé par la faim par exemple. Cette forme de marronnage est très fréquente et se passe aussi souvent en milieu urbain que rural. Grâce aux registres de la police, nous constatons que des gens sont arrêtés quotidiennement pour ces cavales de courte durée qui peuvent passer pour de la désobéissance.
Les grands marrons, quant à eux, ont quitté l’habitation coloniale depuis plus de trois mois. Ils sont généralement installés dans la forêt de manière quasi-définitive. Ils ont su s’adapter et ont développé des systèmes sociaux et agricoles qui leur permettent de subsister dans leur clandestinité. Ils sont une menace pour la sécurité, car, pour subvenir à leurs besoins, ils n’hésitent pas à avoir recours au vol et au crime.
Les grands marrons ont vécu de manière ininterrompue durant la période hollandaise. puisqu’ils Contrairement aux Hollandais qui développent leur tentative de colonie sur un territoire côtier relativement restreint, les marrons occupaient les forêts du centre, dont ils maîtrisaient la faune. Suite à certaines maltraitance et conflit entre les personnes mis en esclavage et les colons, les marrons entreprirent plusieurs projets militaires ambitieux comme celui d’incendier le Fort Frederick Hendrick le 18 Juin 1695, ce qui affaiblit grandement la colonie jusqu’à l’abandon de l’île, laissant les marrons en souverain.
Cependant, à l’arrivée des Français les ambitions coloniales ne permettent pas la cohabitation. Les efforts d’éradication de cette forme de résistance prit une ampleur sans précédent. Mahé de Labourdonnais réussit ce qui fut jusque-là qu’un rêve, celui d’éradiquer la crainte des marrons de la colonie.
Pour se faire, il fit venir des chasseurs réunionnais pour former les habitants, il rémunère les citoyens allant à leur chasse et propose de monter une maréchaussée composé d’une vingtaine de malgaches qui pourraient comprendre les marrons par leur proximité culturelle.
Si la vie des marrons ne fut plus jamais la même, ils surent se recroqueviller de plus en plus profondément dans les forêts, les marécages ainsi que les pitons. La période coloniale Anglaise fut aussi marquée par le marronnage. D’ailleurs, la montée en puissance des idéaux abolitionnistes leur donna courage, ce qui permit aux marrons de redoubler d’efforts et ceux jusqu’à l’abolition. Ces derniers ne retourneront pas dans la société après 1835, ayant été marginalisés pour diverses raisons culturelles et pénales, ils se mélangeront à la population générale progressivement et discrètement, comme le souvenir d’une rivière que l’on affirme n’avoir jamais été que mirage.